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15 juin 2007 5 15 /06 /juin /2007 01:21





Le XXè siècle fut incontestablement le siècle du politique. Non pas qu’il faudrait oublier l’héritage politique des Grecs, de la Rome républicaine et impériale ou de la pensée politique moderne et de la Révolution française. Mais le XXe siècle a dépassé toutes les autres époques car il a mis le politique au centre de tout.

Car c’est bien une idéologie politique qui a déterminé les rapports sociaux même les plus intimes et privés, qui a amené à mettre en place des fermes et des appartements collectifs en URSS, à prôner une politique nataliste brutale dans le IIIème Reich, à créer la suspicion au sein même du cercle familial en raison de la police politique, niant ainsi la privauté voulue, l’intimité, la solitude et le penchant non imposé et naturel vers l’autre.

C’est au nom d’une idéologie politique qu’une des libertés fondamentales, la liberté scientifique, fut bafouée et mise au service de pseudo-théorie raciale en Allemagne ou biologique en URSS. On ne se contenta plus de nier les découvertes scientifiques, de pratiquer des autodafés - en un mot de refuser la science. Elle devint elle-même une extension pour ainsi dire naturelle et nécessaire des principes politiques.

L’art fut transformé en propagande et ne fut plus considéré comme création personnelle ou imitation de modèles anciens. L’Etat, ne se contentant plus d’être mécène tel Périclès ou Louis XIV, se servit de l’art comme outil (le mot, bien que banal, mérite d’interpeller) de propagande.

L’économie, quant à elle, devait être soumise entièrement aux projets économiques étatiques et organisés par l’Etat de part en part au nom d’un projet de société. Elle ne fut plus considérée comme externe à la politique comme le pensaient les penseurs antiques ni comme devant être laissée à elle-même dans une perspective libérale ou au plus corrigée par un système de redistribution des richesses.

Et surtout, chose étonnante pour quiconque connaît l’histoire des idées politiques, le fondement de la politique et sa fin ne fut plus la pleine réalisation de la nature humaine ou le bonheur de l’individu mais sa transformation en un être nouveau. Le politique ne fut plus le lieu du bien commun d’un ensemble d’êtres distincts mais comme lieu de création d’un nouvel homme. Le totalitarisme, c’est la soumission de l’anthropologique au politique.

Il existe donc, selon moi, une manière propre de penser du XXe siècle car ce siècle incarne de manière exemplaire ce que peut le politique. Il l’a, pour ainsi dire, épuisé. Penser en homme du XXè siècle ne signifie donc pas être en retard sur son époque d’une quelconque façon mais comprendre et garder sans cesse à l’esprit ce que peut le politique, ses fins potentielles, son extension. C’est ce qui fait tout à la fois les limites et la pertinence de cette manière de penser, de cette mémoire peut-être incapable de voir d’autres sources de pouvoirs : la religion, les sciences, l’économie.
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  • : En créant ce blog je n'ai pas d'autre ambition que de me faire plaisir. J'avais envie depuis longtemps de publier quelques uns de mes textes. Ils porteront sur la philosophie, la politique, des films ou livres dont je voudrais parler sans soucis de rigueur ou de cohérence entre les différents textes. Je m’imposerai une seule règle (au moins pour quelques temps): publier de manière alternative des articles en allemand et en français. J'espère que vous aurez autant de plaisir à lire ces quelques l
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